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Equipe de France de rugby : pourquoi les bleus ne seront pas champions du monde…

1 Juillet 2011 , Rédigé par Pierre Ammiche Publié dans #Mondial 2011 : dernière ligne droite

Postulat de départ : L’équipe de France est éliminée en ¼ de finale contre l’Argentine.

 

« Une Défaite attendue » : cruelle mais réaliste Une du « midol ». L’équipe de France est éliminée. Ca y est, c’est fait. Ils n’ont rien pu faire face aux blacks en poules mais on nous avait dit : « il faut y croire ! Les français sont capables de tout ! C’est la coupe du monde, et sur un match…». Et puis le tirage du quart de finale nous a fait presque espérer finir dans le dernier carré : l’Argentine, vieillissante, sans vrai fond de jeu, basant ses maigres succès contre l’Ecosse et la Roumanie sur un jeu au pied plein de réussite. Mais voila, l’épouvantail argentin, les bêtes noirs pumas, nous ont encore battu. C’est le retour par avion sur Paris qui doit être organisé un peu à la hâte, bien avant le 23 octobre... Les français voulaient être champions du monde, c’est raté. Une page se tourne et quelques illustres internationaux des temps passés viennent alors expliquer que ce n’est pas de chance, que l’arbitre était moyen, que les bleus étaient trop ceci, que le staff n’était pas assez cela. On parle de coup dur, de surprises relative et finalement d’une certaine logique respectée... Et la défaite, amère, pénible, douloureuse apparait comme la résurgence de 4 années de tâtonnements et de microévolutions avortées.  Pourquoi les bleus ne sont-ils pas devenus champions du monde… Chronique et explication d’une défaite qui n’a vraiment rien d’étrange.

 

Explications N°1 : le manque de talent offensif.

 

Tout d’abord pour une raison simple : la génération de joueurs 2007-2011 est une génération moyenne. Moyenne voir même mauvaise. Depuis 3 ans l’équipe de France a subit un nombre de revers effarant : défaite historique contre l’Australie (16 à 59), contre l’Italie (première défaite de l’histoire moderne), contre l’Argentine (41 à 13), contre l’Angleterre (34 à 10 soit la 3ème plus grosse défaite contre les anglais de l’ère professionnelle) ou encore contre l’Afrique du Sud (42 à 17).

Et le pire ? C’est ce grand chelem en trompe l’œil, confortant à tort le staff dans ses choix. La certitude majeure et tellement mal placée : croire que l’on pourrait être champion du monde en s’appuyant uniquement sur sa mêlée. Le tout sans fond de jeu.

 

A cela s’ajoute le manque effrayant de joueurs capable de franchir. Combien de joueur sont de vrais perforateurs ? Combien de Nick Ester, combien de Shane Williams, combien de Sonny Bill, combien de Quade Cooper, combien de Mtawahira, combien de Hernandez, combien de Steyn avons-nous dans nos rangs. Aucun véritable match winner, aucun joueur capable de renverser le cours d’un match sur un coup de génie… quand notre meilleur marqueur d’essai du tournoi 2011 est Lionel Nallet... tout un symbole.

 

Résultat : une stérilité offensive criante qui sera la marque de fabrique de cette formation toute l’année 2011. Cela sera encore plus vrai en seconde mi-temps : 3 points en seconde mi-temps contre les écossais, 6 contres les gallois, 0 contre l’Angleterre. La seule arme : la défense. Les rares réalisations ? Suite à des ballons de récupérations ou des contres heureux (Ecosse, Irlande, Pays-de Galles). Le seul essai marqué en première main : une réalisation face à l’Irlande. Ce mondial ne fera pas exception.

 

Alors oui, certains me diront : « c’est le jeu du professionnalisme, les niveaux se « moyennisent », il fallait bien perdre un jour contre l’Italie. » C’est vrai. Mais pas une année de coupe du monde alors que la confiance est un élément déterminant pour amener une équipe au titre. Pas au moment où l’équipe de France cherche à rassurer et à se rassurer. Pas au moment où l’équipe d’Italie est aussi bordélique, chaotique, anarchique.

D’autre encore m’opposerons le fait que le staff n’a pas été au niveau. C’est peut-être vrai. Mais je n’ai pas vu ni Lièvremont, ni Reutière, ni N’tamack sur le terrain au moment de ces 5 défaites historiques. J’ai juste vu des joueurs apathiques, incapables de se révolter et de laisser resurgir le naturel de farouche guerrier et de belligérants à la victoire impossible mais au combat si noble. En somme, je n’ai pas vu ce qui a fait le particularisme ovale français : celui de mourir sur le terrain, d’être battus, écrasés, humiliés, mais les armes à la main et encore plein d’orgueil. Le manque de talent est alors, en sus, renforcé par un manque d’envie parfois évident.

 

Explication N°2 : le manque de repères.

 

Et ce manque de talent offensif mis en exergue par les chiffres, trouvent une raison simple. Il nait des incertitudes chroniques concernant les arrières. Deux postes sont symptomatiques et sont tout simplement en chantier permanent : les centres et les ailiers. En 4ans de temps sont passés au centre : Traille, Jauzion, Rougerie, Mermoz, Marty, David, Estebanez, Fritz, Mazars, Baby et Bastareaud. 11 joueurs pour un constat : l’équipe de France n’a aucun titulaire indiscutable à ce poste. Les blessures (Mermoz, David, Rougerie, Baby), la méforme (Bastareaud), les joueurs « triquards » (Fritz, Jauzion, Poitrenaud qui n’a jamais été essayé à ce poste) et les certitudes étranges (Estebanez, Traille), la situation est délicate au poste le plus déterminant du rugby moderne. Quand les Australiens ont Giteau et Barnes, quand les Néo-zed ont Nonu et Williams, quand les anglais ont Hape et Tindall, quand les irlandais ont O’Driscoll et D’Arcy, quand les Sudafs ont Jacobs, Fourie, De Villiers, nous, nous avons comme seule paire de centre valide pour le moment… Marty et Estebanez pour le mondial… La comparaison n’est pour le moment clairement pas soutenable.

 

A l’aile ? Pas mieux. Andreu, Fall, Clerc, Heymans, Médard, Huguet, Malzieu, Palisson, Arias… Et au bout de 4ans de tests, d’essais, de tentatives : la conclusion est terrible… Huguet et Palisson sont, aux yeux du staff, meilleurs que Malzieu, Andreu, Fall et Arias… Et encore une fois, quand nos adversaires directs sont tous armés et suréquipé à ce poste clef, nous avons un joueur limité et qui n’a jamais joué la H-Cup, un autre qui est un ailier-arrière de niveau correct mais sans vrais matchs références et enfin Vincent Clerc, le seul ailier au niveau comparable à celui de Ashton, Cueto, Bowe, Rokocoko, Sivivatu ou encore Habana.

 

Ensuite, reste le casse tête fantastique que représente la charnière. Alors oui, nos titulaires sont indiscutables. Oui nous avons des certitudes et des bases sur lesquelles construire. Mais comment pouvait-on espérer lutter les yeux dans les yeux quand notre charnière est composé de Trinh-Duc, grand défenseur et animateur plus que correct mais sans jeu au pied, et Parra, jeune talentueux, bon demi du championnat mais totalement incapable jusqu’à présent d’accélérer ou de dynamiser le jeu monolithique de cette équipe de France soporifique. Youngs, Genia, Du Preez, Ellis, Cowan, Burgess, Phillips, Care, Blair : tous sont d’un niveau supérieur à Parra. Idem pour Trinh-Duc qui doit faire face seul à Carter, Flood, O’Gara ou encore Cooper. Mais le pire c’est que chaque nation phare peut d’appuyer sur un vrai duo de 10. L’Angleterre à Flood et Wilkinson, l’Australie Cooper et Barnes (voir Giteau et Beale), L’Afrique du Sud Pieenar et Morné Steyn (voir François Steyn et/ou Butch James), la Nouvelle-Zélande a Carter et McAllister (voir Weepu), L’Irlande a O’Gara et Sexton, le Pays de Galles Jones et Hook, l’Ecosse Parks et Jackson (voir Paterson), l’Argentine a Hernandez, Contepomi, Gurruchaga, Fernandez et Bosh. La seule équipe du Top 10 mondial à être dans une situation encore moins confortable que la France : l’Italie. Sinon, la France reste la seule nation majeure de l’ovalie a ne pas pouvoir faire jouer la concurrence à plein. Skrela dans un registre similaire, plus que Wisniewski, Beauxis, Michalak (ou dans une moindre mesure Doussain ou Peyrelongue) tous dans un style bien différent, est bien un signe fort : le poste de demi d’ouverture est bouclé et FTD sera le titulaire indiscutable de la ligne d’attaque tricolore. Contre vents et marées, Trinh-Duc doit assumer seul la ligne de ¾ française, et cela depuis déjà 3ans et des brouettes.

 

Explication N°3 : Un malaise permanent entre les joueurs et le staff.

 

Enfin dernier point explicatif, celui d’une perpétuelle incompréhension entre le staff et les joueurs. Pas une année sans qu’une « mise au point », un rendez-vous « pour se dire les choses », un meeting en forme de cellule de crise, un grand oral, une remise en question de tout et de tout le monde n’ait lieu.

Ils sont quelques uns à avoir payé ce manque de communication : Bastareaud, puni pour ne pas avoir fait les efforts suffisants et pour s’être plaint dans la presse, Chabal, puni pour ne pas avoir été assez bon et pour avoir fait un livre (ou en tout l’avoir vendu), Fritz, puni on ne sait pourquoi (les rumeurs les plus folles et les plus diverses court à son sujet). Et que dire de la gestion de cas Jauzion, Poitrenaud, Michalak, Andreu ou Malzieu…

A cela s’ajoute les nombreuses remises en question du staff et de leur capacité à organiser leur travail. Comme pour le Consulat, Lièvremont à d’abord été enclin à partager son pouvoir avec ses deux accesseurs, avant de les désavouer et de revenir à une gestion monopolistique du pouvoir. Idem : nombreuses ont été les plaintes des joueurs, qui, au lendemain de la défaite exceptionnelle contre l’Australie, en guise d’explication et d’excuse avançaient le fait que les entrainements en bleu manquaient d’intensité. Dusautoir dans la foulée sera désavoué par Lièvremont devant les plus hautes instances du rugby français : « je me suis trompé de capitaine ». Lièvremont ensuite fait un grand ménage de printemps : au revoir les cadres que sont Jauzion ou Chabal et bienvenue à des jeunes : Lakafia, Picamoles ou encore Huguet.

 

 

En somme : les raisons sont nombreuses, les faits sont là, la réalité frappe dur. Les bleus sont passés a coté de leurs rêves. Mais comme disait un grand philosophe : « On croit que les rêves, c'est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c'est que c'est fait pour être rêvé. » (Coluche).

 

 

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