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Stade Français : le match de la dernière chance ?

18 Mai 2011 , Rédigé par Pierre Ammiche Publié dans #Top 14

Le stade français n’a plus le choix, il doit gagner s’il ne veut pas mourir. La donne est aussi simple que hautement compliquée.

 

Placé malgré lui dans les affres économiques des dettes et des déficits, victime d’une gestion moyenne aussi bien sportivement qu’administrativement, le club qui dominait les années 2000 et qui générait le plus de produits dérivés  est aujourd’hui… Dans la panade. Opposé à une redoutable équipe des Harlequins, vendredi, c’est victoire impérative.

 

Pourquoi impérative ? Tout d’abord sportivement, parce qu’une victoire en challenge ouvrirait les portes de la H-Cup et surtout redonnerait un peu d’attractivité à une équipe en mal d’objectifs. Ensuite et surtout économiquement, permettant de toucher un peu d’argent via la « grande » coupe d’Europe. Sans cet argent, c’est la grande et pénible fuite en avant qui continuera. Petite analyse d’une crise qui menace l’un des rares clubs au nord de la Loire.

 

Une crise sportive : la fuite des talents jamais remplacés…

 

Victoire impérative ? Et bien oui. Tout d’abord pour la confiance. Voila maintenant 5ans que le club n’a rien gagné. Ensuite pour gagner le premier trophée européen du club. Troisièmement, pour faire honneur aux clubs français, en tant que dernier représentant français en coupe d’Europe. Enfin pour se donner un peu d’air du coté de la trésorerie et générer des revenus plus conséquents grâce à la H-Cup, une victoire étant la dernière chance pour le club d’accrocher le wagon de la « vraie » coupe d’Europe et ses quelques centaines de milliers d’euros en plus.

 

La débandade sportive est terrible : le SF est passé de 5 titres en 10ans à la lutte pour le maintient… Cruelle descente aux enfers.

 

Mais au delà du palmarès vierge, au delà des résultats très décevant pour l’un des clubs majeurs du championnat, c’est surtout l’absence de certitude et de continuité qui est la plus inquiétante…

 

Accrochez vous les pépères et les mémères, en 10 ans, voici la liste non exhaustives des joueurs de très grand talent qui sont partis ou ont stoppés leurs carrières : Marconnet (BO), Emmanuelli (Clermont) Blin (poussé dehors), August (BO), De Villiers (retraite), Auradou (retraite), James (retraite), Brouzet (retraite), Martin (A.B), Sowerby (ST), Tabacco (retraite) Fillol (Racing), Pichot (retraite), Dominguez (retraite), Lombard (Racing), Glas (retraite), Dominici (licencié), Comba (retraite), Galthié (France 2 ?), Corleto (retraite)…

Plus récemment : Saubade (Racing), Bergamasco (Racing), Messina (Toulon), Albouy (CO), Kayser (Leicester), Skréla (Toulouse), Taylor (Bath), Gasnier (rugby à 13), Tchale-Watchou (USAP).

A venir : Beauxis (Toulouse), Bastareaud (Toulon) et on annonce Leguizamon, Parisse, Haskell et Palmer sur le départ…

Du coté des entraineurs, ca n’est pas mieux : ont été virés ou sont partis en moins de 5ans Galthié, Dominici, McKenzie, Landreau, Faugeron et Delmas.

 

Dès lors, sportivement, comment espérer faire quelque chose sans la moindre stabilité ? Les leaders de jeu n’ont jamais été remplacés, les joueurs formés au club et y jouant sont quasiment inexistants, les départs trop rarement compensés et le recrutement pour tout dire assez incohérent. Et encore, le stade Français se présentait jusqu’à aujourd’hui comme l’un des plus gros clubs du championnat. Alors que va-t-il devenir si la H-Cup ne permet même plus de faire miroiter une quelconque présence européenne ? Pourquoi signer au SF plutôt qu’ailleurs ?

La petite mort du Stade commence à être évoquée : relégation sportive, administrative, dépot de bilan, investisseur timides... 

 

Le Stade ne séduit plus autant. Il n’y qu’à voir le nom des recrues… Warwick (30ans), qui ne joue plus avec le Munster, Contepomi (33ans) et Kelleher (34ans)… un recrutement d’avenir en somme.

 

A ce phénomène vient s’ajouter d’autre facteurs qui font du SF un club du siècle dernier : des conditions d’entrainements pitoyables inhérentes à la capitale parisienne (la cité U embourbée la moitié de l’année, Carpentier et son terrain en synthétique, pas de terrain d’entrainement fixe jusqu’à l’année dernière, pas de terrain privé). Les joueurs sont des nomades, trimballant leurs carcasses et leurs sacs aux 4 coins de Paris et parfois même de l’ile de France (du Haras du Plessis jusqu’à Saint-Denis). Le stade français c'est aussi un esprit « famille » aux antipodes du rugby consumériste qu’on essaye de nous vendre depuis quelques années, un public restreint de connaisseur mais un stade qui peine à se remplir… Et quand dans le même temps le Racing fait carton plein (stade rempli et phases finales), cela augure d’une concurrence redoutable au sein même de la région francilienne.  

 

Mais si sportivement, la solution semble difficile à trouver, l’arrivée de Michael Cheika ouvre de vraies possibilités : l’australien s’appuie sur les jeunes (Slimani, Joly, Flanquart, Plisson, Briatte, Bonneval), essaye de construire autour de quelques leaders (Dupuis, Papé, Parisse) et surtout dispose d’une expérience et d’un savoir faire qui ne peut qu’être positif. Tous les espoirs sont permis et meme si l’année de transition du SF dure depuis 2ans et demi, on peut espérer voir un vrai mieux dans les mois à venir.

 

Non, le problème le plus profond du stade français se situe ailleurs… en coulisse. 

 

Une crise économique : le capital du SF redistribué

 

Pendant longtemps, un président omnipotent et omniscient a suffit à l’unique club de la capitale. Il état là pour la remontée, puis pour le premier titre, puis pour la première finale européenne. Il a connu Galthié et  De Villiers jeunes, Marconnet enfant, Auradou dans la fleur de l’âge, Pichot en culotte courtes, Hernandez… non, Hernandez je ne peux pas, c'est trop frais…:'(

Max Guazzini a tout connu. Il a planté une petite graine et ses talents de chef d’entreprise en ont fait un baobab. Il a crée une dynamique de victoires, a fait du stade Français un club à part, a fait venir des joueurs de talent sans jamais céder aux sirènes des starlettes de l’autre hémisphère, a transformé un petit club familial en machine de guerre. Max et le stade, c’est Jack et le haricot magique.

 

Et puis, le professionnalisme est allé plus vite que lui. Les idées n’étaient plus si uniques, copiées et recopiées qu’elles étaient (délocalisation, publicités dans la ville etc…). C’est le cercle vicieux qui supplante le cercle vertueux. Les dettes, les résultats médiocres, les mauvais choix, la DNACG… Dans l’urgence, le SF à ouvert son capital aux « socios » du club, puis a presque tout le monde. Le message ? Il nous faut, et vite, de l’argent frais. Mais cette ouverture de capital à des conséquences, à commencer par la redistribution des rôles parmi les actionnaires.

 

Guazzini, président symbolique de ce club qui a marqué les années 2000, va donc peu à peu se retirer. Non pas qu’il parte vivre une paisible retraite, bercé par le rythme des chansons de Dalida dans son fauteuil en cuir rose clouté, entouré des posters géant Rugbymag 1997 de Dominici et Dominguez, assaillit par une cruelle nostalgie qu’on appel « le bon vieux temps ». Non, pas du tout. Il va juste céder une partie de son capital pour finalement ne plus être actionnaire majoritaire. Il a beau démentir dans la presse, pris dans un dilemme aussi insoutenable que celui de la vraie mère dans la légende du roi Salomon, Max va préférer céder son bébé que de le voir mourir.

Cela va de pair avec la délégation de certaines de ses compétences. Longtemps acteur unique du club en matière de recrutement, pour la première fois il vient de donner les renes à son entraineur. 

 

Ce départ annoncé pour 2013 au plus tard est symptomatique d’une gestion chaotique et étrange… Illustration de ce qui me travaille depuis des mois. Il y a deux ans, au plus fort de la crise sportive du stade français consécutive au départ de Galthié (il a un flair d’Epagneul Breton celui là…) et avec l’arrivée du coach mangeur de sandwich alias Ewan « l’incompris » McKenzie, je me rendais à un match qui opposait le SF à un petit club du sud-ouest prometteur : Toulouse. C’est le classico, la grosse rencontre estampillée canal +, des cascades de voitures, des geysers de flamme de 10mètres de haut au bord du terrain, une sortie des joueurs sur la musique de Starwars, des regards humides qui se croisent à la sortie des vestiaires et une tension qui monte crescendo au rythme de la sortie des acteurs… A l’arrivée de ce match ? Une défaite 36 à 0 et une mise en lumière pitoyable de ce qui marche toujours et de ce qui ne marche plus. Malgré la défaite, réglé comme du papier à musique, le spectacle de fin de match : un feu d’artifice de 10 petites minutes. Je me retourne alors vers mon père, à mes cotés et je ne peux m’empêcher d’avoir cette petite phrase : « plutôt que de dépenser autant d’argent dans du hors rugby, ils ne peuvent pas acheter deux ou trois bon joueurs ? »… Le Stade Français depuis 3ans, où quand le hors terrain devient plus important que le terrain.

C’est même l’aveu de Guazzini il y a quelques mois. en substance, il confesse qu'entre le nouveau stade, le recrutement, les produits dérivés, les spectacles, les meufs a moitié à poil, les abonnements… on en oublie le principal : le sportif.

 

La question est alors la suivante : Comment peut-on se détourner autant de ce qui était à la base, la raison d’être d’un club sportif : la victoire et les titres ? Si la vie d’une équipe de sportifs de haut niveau n’est plus que de vendre des strings  et d’être sexy sur les photos,  il faut ouvrir une boite de nuit gay, pas un club de rugby… Constat dur mais pas si loin de la réalité : si gagner des matchs passe après vendre des maillots, alors c’est que le club va plus mal que ce que l’ont croit.

  

C’est donc, probablement sujet à une certaine lassitude, que Max va faire, dans les mois ou les années qui viennent, un ou deux pas en arrière dans l’organigramme du club.

 

Ce départ sera alors la fin d’une ère que j’ai haï. Alors fini les délires rococo-mégalo-ringards ? Fini les maillots « chute de papier peint de chez ma mamie » (marron à fleurs roses, bleu à fleur de lys, pop art « Blanche de Castille »…) ? Fini les musiques pourries qui puent les années 80 («C’est féériqueeeeuuuhhh» « Lala lala lala Stade Françaissssssssss… ») ? Fini les spectacles nullissimes d’avant match (avec des vrais morceaux de Kitch dedans !) ? Fini les calendriers à poil, la bite en érection de Dominici à la main ? Fini les arrivés du ballon dénudées ? Fini la colonie argentine aussi brillante qu’ultra-sexy (ils m’énervent les argentins : ils sont géniaux et en plus ils sont beaux gosses…)? Fini le rose et un retour aux VRAIES couleurs de Paris, bleu et rouge ? Fini la limousine? Fini les danseuses insupportable du Lido et leur plumes rose ? Fini la bodega ? Fini les défilés d’enfant venus de toute l’ile de France, les yeux émerveillés de faire le tour du plus grand stade de France avec le maillot de leur petit club sur le dos ? Fini Alexandra Rosenfeld ? Fini les éminences grises  veillant dans l’ombre au bien du club (Auradou, Pichot, Dominici)? Fini les bières qui sentent un peu la sueur à Bouin ou Charlety dans des verres à fleur rose ? Fini les phases finales de voleurs et les essais d’escroc dans les arrêts de jeu ? Fini les marrons contre le BO ? En somme : fini le Stade français qu'on connait ?

 

Pour être honnête, je n’en sais rien. Mais en attendant le jour de la libération, celui où nous brulerons ces putains de drapeaux roses, et où je raserai personnellement le crane des femmes (et des hommes) collabos consommateurs avides de calendrier des Dieux du stade et de strings stade Français, et où je pourrais, avec l’aide d’une quinzaine de copain tondre dans la foulée la tignasse de catcheur des années 90 de Dimitri Szarzewski, en attendant ce jour bénit des dieux du rugby, je me dois d’être derrière l’équipe de ma ville… Alors oui, je la déteste. Oui elle m’insupporte. Oui, je balance 400 vannes par articles dessus. Oui, je les hais depuis que je suis en âge de comprendre que politique et rugby en Ile-de-France sont indissociables et que devant la poule le grain de maïs a toujours tort. Oui Guazzini me rend fou avec ses idées en contradiction totale avec ma vision du rugby. Oui, oui et re-oui. Mais il faut être honnête, j'ai été bercé par ce club, il représente quelque chose, il réussit le tour de force de créer un concensus tacite entre tous les supporters de rugby ("on déteste le stade français et son rugby paillette") et plus que tout : sans le Stade Français, et surtout sans Max, je me ferais un peu chier… Allez les Stade Français (ou putain ca fait mal de dire ça...) 

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S
<br /> le stade francais 13 foi chanpion de france si il gagne pa 1 seul titre en 2012 é 2013 c fini le stade francais.moi je sui suportaire du stade français .il son kapable de gagné le bouclier é la<br /> coupe deurope . aller le stade francais pour 2012 avc lé nouvo joueur trè for .<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Et tu oublies un fait important<br /> <br /> Tu es ABONNE !!!<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> <br /> Oui c'est vrai... Comme quoi faut vraiment aimer le rugby pour s'infliger cela... <br /> <br /> <br /> <br />